Je peux deviner, la multitude de questions qu’elle se pose à l’heure qu’il est, concernant la personne qui lui adresse cette lettre, ses intentions et l’essence même de tout cela, j’avoue bien que mon initiative est absurde et stupide mais au moins cela reste à mes yeux justifié…
Tout sera plus ou moins éclairci, bien qu’au fur et à mesure que ma lettre avancera des choses restent sombres et incompréhensibles en moi, puisque je la considère comme une entité issue de ma pensée, et qui répond à un énorme besoin, celui de lui écrire! Seule son existence est bien suffisante pour me mettre dans un état de désarroi, puisque impuissance et impossibilité se matérialisent en une unique chose et me réduisent à néant ! Trop de questions se cheminent devant moi, me mettent en émoi, et me rendent assez confus, au point d’ignorer ce que je sens, ce que je veux et ce que je souhaite réellement! Mes mots sont incohérents, tordus et assez chamboulés, c’est cette ambiguïté même qui caractérise l’essence de ma lettre, et je crois que ça sera temps de faire la genèse de mon état, je suis assez lucide du fait que tout cela ne la regarde pas, pourtant c’est d’elle que je parlerai ou plutôt de son impact sur moi !
Je me rappelle bien le jour où je l’ai aperçu pour la première fois, il n’y avait ni braise ni flamme en moi, je me disais juste que c’est une fille qui inspire de la sympathie et de l’estime. Son air assez distinct ne passait pas inaperçu, toujours souriante de façon timide, son regard qui se perd aux alentours et son teint si frais et si fragile dissimulant une certaine morosité en elle, du moins c’est ce que je prétendais comprendre, ou au plus c’est ce que je voulais apercevoir! C’est dès lors que son image commence à se fixer dans mes petites rêveries, je me posais bien des questions sur elle en général, ce qu’elle fait dans sa vie, ce qu’elle aime ou juste ce qu’elle pense tout simplement ! Jour après jour je l’observais, non pas par effet de voyeurisme, loin de là, mais plutôt par intérêt envers sa personne, j’essayais de donner sens à tout signe que je reçois en espérant de brosser son portrait! J’étais en quelque sorte charmé par elle, sans pour autant être amoureux, j’avais dès lors pour simple raison de la contempler…c’était déjà le début…le début du labeur…le début d’une joie affreuse en moi…le début d’un chagrin éternellement lourd…le début d’une braise, qui va s’enflammer…j’ai peur que je passe là pour quelqu’un d’instable, j’ai bien vu des femmes belles, jolies et charmantes, mais elle, elle est si unique à mes yeux, si divine…j’ai découvert cela un jour, j’étais en son attente, dans ma posture pitoyable et grincheuse, distrait comme d’habitude, le regard perdu quelque part, jusqu’à ce que mes yeux croisent les siens, j’ai sentis alors mon cœur touchant sa fin, j’arrivais à peine à respirer, mes joues devenaient toutes rouges et une joie délicieuse s’est emparée de moi, je ne pouvais la regarder plus que cela, mon regard s’est alors éteint, pour laisser place à une confusion, puisque cette joie a été affreusement étouffée par ma raison…comment donner de l’estime à une personne qui ignore mon existence ,et pourquoi mon cœur bringuebale dès qu’elle apparait sans raison, je perdais alors mes repères, j’avais peur que ça soit de l’amour en me demandant bien qu’est ce que cela peut être au juste ! L’amour, voilà un mot qui irrite ma pensée, je crois que dieu a eu l’idée de mettre cette chose en nous par plaisanterie, mais bon il ne manque pas d’humour sur ce point, je blasphème cela parce que mon cœur a déjà choisis son idole, une idole en forme de femme, qu’il divinise et lui rend hommage, c’est bien elle… et cette exagération n’est autre qu’une expression de mon inconscient, si pesant, si horrible ! Même que je ne me permets pas de prononcer ici son prénom, puisque je me vois si indigne de ce privilège que j’envie aux autres, qui eux peuvent lui parler ! Une sorte de folie sentimentale qui cherche à apaiser son mal, en culpabilisant un bouc émissaire, bon on peut dire là que c’est plus qu’un ! J’éprouve là une envie de la remercier, puisque grâce à elle j’ai pu vivre l’eternel durant une seconde éphémère, puisque à chaque fois où je vois son visage, où un sourire si gracieux se dessin, je ne me sens plus, comme une sorte d’ascension de sentiments qui se heurtent en fin de compte à l’absurdité de la scène elle-même, de l’absurdité de mon état moi-même…Je ne demande rien d’elle, puisque je me définis ainsi, il est trop atroce pour moi de ne pas lui dire toutes ces banalités au moins une fois, juste l’idée qu’un jour elle baladera son regard sur mes dits, juste penser que mes mots raisonneront dans sa tête me rendent si anxieux, pourtant je ne suis qu’un inconnu, elle n’est qu’une inconnue…
Inconnu ! Je souhaite bien rester ainsi, mon identité ne changera rien au mal, dame nature ne m’a pas trop amadoué, dieu aussi m’a oublié plus d’une fois, et là j’espère pouvoir l’oublier dans les pénombres de ma pensée…je me réduirai désormais à néant, et là où elle sera, je n’y serai guère, c’était un honneur de l’avoir senti, chacun de nous exprime son malaise et ses envies via son regard, sauf que le sien est bien sublime…
Vendredi